Colère des agriculteurs : 38 blocages recensés en France ce samedi
© Jumeau Alexis/ABACA - Si certains points de blocages ont été libérés depuis les annonces du Premier ministre, le mouvement devrait reprendre de plus belle lundi.
Le Premier ministre Gabriel Attal a fait des annonces vendredi en faveur des agriculteurs. Cela n'a pas suffi, et le mouvement de grève continue ce samedi 27 janvier. Blocages, déclarations, incendie... On fait le point.
Le Premier ministre a pris la parole vendredi 26 janvier pour annoncer plusieurs mesures en faveur du monde agricole et tenter de calmer la grogne des agriculteurs. Simplification des démarches, réduction des réglementations sur les haies, 50 millions pour le bio... Gabriel Attal est venu la valise pleine de promesses. Pas suffisant pour calmer les agriculteurs. Dans la soirée, le bureau des douanes de Nîmes a été incendié. Samedi 27 janvier, ils étaient de retour pour bloquer les routes. Et promettent un regain des blocages dès lundi. Selon BFMTV, il y aurait ainsi 38 blocages en cours en France ce samedi, et ils impliqueraient environ 700 agriculteurs.
Vendredi, on dénombrait pas moins de 113 blocages qui mobilisaient 17 500 agriculteurs. Les annonces du Premier ministre ont donc eu un effet même si elles ne satisfont pas tout le monde. Certains points de blocages ont été libérés dès vendredi soir. Tous n'ont pour autant pas disparu. À Agen, certains ont de nouveau dormi sur l'A62. Les tracteurs sont toujours sur les deux voies. En Charente-Maritime, l'A10 et l'A387 sont encore occupées. Les deux autoroutes ont des portions fermées dans les deux sens. Même chose pour l'A63 dans le pays Basque. La montée vers les stations de ski, en Savoie et Haute-Savoie, s'annonce également compliquée. Un point de blocage est prévu sur le nœud autoroutier entre l'A48 et l'A43 (qui dirige vers Grenoble ou Chambéry), sur le péage de Chignin. Un convoi de tracteurs est parti ce samedi matin depuis la Seine-et-Marne, en direction de Roissy.
L'autoroute A64, en Haute-Garonne, était en cours de déblocage à la mi-journée. C'était l'épicentre du mouvement agriculteur, l'un des premiers gros blocages d'autoroute depuis de la mobilisation. Jérôme Bayle, figure de prou de la grève, l'avait promis vendredi soir après les annonces du Premier ministre.
Un regain des blocages lundi ?
Si le week-end s'annonce plus calme que les jours précédents, les syndicats ont d'ores et déjà donné le ton pour lundi. Le président de la FNSEA a affirmé que les promesses de Gabriel Attal "ne calmaient pas la colère. Il faut aller plus loin". La secrétaire générale de la Confédération paysanne est sur la même longueur d'onde sur Franceinfo : "Nous n'avons pas obtenu ce que nous voulions". Résultat : "Nous allons continuer à nous mobiliser". Et les Jeunes Agriculteurs semblent bien déterminés. Leur administrateur national, Maxime Buizard, a conseillé sur BFMTV aux personnes vivant en Île-de-France à faire du télétravail à partir de lundi, parce que "l'objectif qui est le nôtre, c'est qu'il n'y ait pas de bien ni de personne qui puissent rentrer dans Paris et sa petite couronne dans Paris et au moins toute la semaine prochaine".
Toutefois, la parole de Maxime Buizard a été remise en cause en début d'après-midi. Pierrick Horel, secrétaire général du syndicat Jeunes Agriculteurs, a déclaré sur BFMTV qu'une action était bien envisagée sur Paris mais, à ce stade, rien "n'est tranché" : "On va prendre le week-end pour reposer les esprits et les corps", a-t-il ajouté. Bloquer Paris est bien à l'étude, mais à aucun moment les agriculteurs n'envisagent de paralyser leurs collègues à Rungis.
Sur Franceinfo samedi matin, Marc Fesneau a tenu à distinguer "ce qui est un mouvement de colère, de ce qui est des actes de violence délibérés", tout en affirmant : "Je dénonce des actes qui sont minoritaires". Et de confier que, concernant la loi Egalim, "il y a trois entreprises qui vont d'ores et déjà être sanctionnées" et d'autres pourraient suivre si elles ne respectent pas "le paiement de la matière première agricole". Ajoutant aussi : "Il faut qu'on tricote et détricote ces règlementations qui sont contradictoires (...) C'est un chantier immense".
En parallèle des différents points de blocages sur l'Hexagone, le bureau des douanes de Nîmes a été incendié par des agriculteurs en colère. De "graves dégradations avec de gros dégâts sur le bâtiment" et huit véhicules brûlés ont été constatés. Le portail a été détruit, selon le service de communication de la préfecture. Les agriculteurs ont également interrompu le match de National, la troisième division de football français, entre Nîmes et Rouen.
"Tant que la question du prix n'est pas résolue, on n'avancera pas" a quant à lui affirmé le député LFI de la Somme, François Ruffin ce samedi sur BFMTV, en visite sur un point de blocage sur l'A9. "Gabriel Attal a donné un Doliprane, il a mis un sparadrap, un peu de pommade, mais la question de fond du prix n'a pas été résolue", dénonce-t-il. Il réclame "protection et régulation" des agriculteurs, dans le rapport de force avec les distributeurs et industriels. Pour cela, il demande la mise en place d'un prix plancher sous lequel l'industrie agro-alimentaire ne pourra pas descendre dans les négociations.
publié le 27 janvier à 14h20, Martin Pereira, 6Medias