France

Agriculteurs: la Coordination rurale promet le "chaos" dans le Sud-Ouest

  • Des agriculteurs de la Coordination rurale attendent la fin d'une réunion entre leurs représentants et le préfet devant la préfecture lors d'un rassemblement dans le cadre d'une manifestation nationale contre l'accord UE-Mercosur à Pessac, le 19 novembre 2024
    ©PHILIPPE LOPEZ, AFP - Des agriculteurs de la Coordination rurale attendent la fin d'une réunion entre leurs représentants et le préfet devant la préfecture lors d'un rassemblement dans le cadre d'une manifestation nationale contre l'accord UE-Mercosur à Pessac, le 19 novembre 2024
  • Des agriculteurs de la Coordination rurale attendent la fin d'une réunion entre leurs représentants et le préfet devant la préfecture lors d'un rassemblement dans le cadre d'une manifestation nationale contre l'accord UE-Mercosur à Pessac, le 19 novembre 2024
    ©Sylvain THOMAS, AFP - Un véhicule d'agriculteurs français du syndicat CR 34 (Coordination rurale) lors d'une manifestation nationale contre l'accord UE-Mercosur à Béziers, le 19 novembre 2024

Les agriculteurs manifestent encore mardi en France, et singulièrement dans le Sud-Ouest, où la Coordination rurale (CR) affirme vouloir "provoquer un chaos" pour se faire entendre.

Moins d'un an après une mobilisation historique, les syndicats agricoles estiment n'avoir pas obtenu suffisamment d'avancées. Ils redoutent en plus une ratification prochaine d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur.

En fin d'après-midi, l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) a salué "une première victoire" après l'annonce de la tenue d'un débat suivi d'un vote le 26 novembre à l'Assemblée nationale sur le traité de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur.

"Nous avançons enfin dans le bon sens" et "sans anticiper la position du Parlement, soyons fiers, collectivement, de cette action syndicale. [...] Rien n’est gagné, nous ne sommes pas naïfs, mais la mobilisation continue", a déclaré sans plus de précision sur la suite du mouvement Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, dans le communiqué commun.

De son côté, Sophie Lenaerts, vice-présidente de la Coordination rurale, interrogée en marge du congrès de la CR à Chasseneuil-du-Poitou, s'est demandé "quel est l'intérêt de débattre d'un sujet sur lequel tout le monde est d'accord ? Pourquoi pas mais cela semble être une perte de temps. Ce débat permettra au moins de comprendre la ratification du traité et le principe du vote, complexe", selon elle.

L'alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs évite d'organiser des blocages comme l'an dernier, privilégiant des actions symboliques pour "ne pas ennuyer les Français", son rival de la Coordination rurale hausse d'un cran la mobilisation mardi.

- OFB attaquée -

A Guéret (Creuse) pourtant, une trentaine de manifestants, accompagnés de tracteurs et de bennes remplies de déchets et de fumier, ont forcé la porte d’entrée de l'Office français de la biodiversité (OFB) et de la Mutualité sociale agricole. Ils ont répandu des pneus et des déchets à l’intérieur et saccagé des piles de dossiers.

Le chef local des services de l'OFB est allé à leur rencontre pour discuter brièvement et a subi des insultes et des menaces. Il a porté plainte, selon cette même source.

"Exprimer ses inquiétudes face au Mercosur comme l’ont fait pacifiquement les agriculteurs depuis dimanche est légitime", a souligné de son côté la ministre de l'Agriculture Annie Genevard sur X (ex-Twitter). "Mais jamais je ne tolérerai les atteintes aux personnes et aux biens, les dégradations, qui sont inacceptables".

A 19H mardi, 26 actions mobilisaient 1.600 agriculteurs et 421 engins agricoles sur 24 départements, selon les autorités.

Sur l'autoroute A9, au péage du Boulou (Pyrénées-Orientales), des agriculteurs de la CR ont établi un barrage à la mi-journée, bloquant des camions de marchandises mais laissant passer les voitures, à une dizaine de kilomètres de la frontière espagnole.

Deux citernes de vin espagnol ont été déversées sur la chaussée, selon une source policière.

"On va bloquer l'A9, mais aussi les dépôts de carburants, les ports, les centrales d'achat. On veut provoquer un chaos et une pénurie alimentaire", a assuré Serge Bousquet-Cassagne, figure de la CR dans le Sud-Ouest, présent au Boulou.

Sur l'A9, "fleuve de fruits et légumes qui arrivent d'Espagne", il envisage "un blocage durable (...) sur plusieurs jours".

Les forces de l'ordre sont présentes en nombre autour de ce péage. "À un moment donné, ils vont vouloir nous virer. S'ils ne le font pas de la bonne manière, on brûlera tout", a menacé M. Bousquet-Cassagne.

Au sein d'une organisation qui se présente comme apolitique, le responsable syndical affiche régulièrement son soutien au Rassemblement national.

- "Pas du blabla" -

Le syndicat, reconnaissable à ses bonnets jaunes, tient en parallèle son congrès national dans la Vienne, dont il préside la chambre d'agriculture depuis 2019.

Lors des prochaines élections professionnelles, prévues en janvier, la Coordination rurale entend ravir d'autres chambres à l'alliance FNSEA-JA, à qui elle reproche notamment d'être trop proche de l'agro-industrie et des gouvernements successifs.

A Charleville-Mézières, les agriculteurs de la Coordination rurale mobilisés comptent rester devant la préfecture cette nuit et jusqu’à mercredi soir, selon le secrétaire général de la CR 08, Thierry Lebègue. Ce matin, ils ont déversé du fumier et des pneus devant le bâtiment.

FNSEA et JA ont poursuivi de leur côté leur mobilisation, entamée lundi.

A Bourges (Cher), une dizaine de tracteurs ont ainsi lancé une opération escargot depuis la rocade vers l'Espace de l'Europe, une voie du centre-ville.

L'alliance majoritaire a choisi des artères au nom symbolique, comme le pont de l'Europe à Strasbourg, pour interpeller la Commission européenne qui semble déterminée à conclure l'accord avec des pays du Mercosur.

Le Mercosur, qui ouvre notamment la voie à de nouvelles importations de viande bovine à droits de douane réduits, fait office de repoussoir pour les agriculteurs. Mais la liste des maux décrits dans les manifestations est beaucoup plus longue: normes excessives, concurrence déloyale, revenus et considération insuffisants...

publié le 19 novembre à 21h46, AFP

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