De nombreux livreurs touchent moins que le Smic horaire, selon un rapport
© Paul ELLIS, AFP - Des livreurs à vélo circulant dans les rues de Dublin en Irlande, le 15 septembre 2024
De nombreux livreurs touchent moins que le Smic horaire, si l'on prend en compte le temps passé à attendre les commandes, selon une enquête inédite de l'Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (ARPE) consultée mercredi par l'AFP.
Le revenu moyen des livreurs a baissé depuis 2021, et ce, peu importe la plateforme, selon cette enquête basée sur les chiffres publiés par les sociétés de livraison.
Dans le détail et en prenant en compte les temps d'attente, les revenus horaires en 2023 étaient en moyenne de 16,8 euros brut chez Deliveroo et 14 euros chez Delicity, qui livrent des repas.
Mais ils atteignaient 10,1 euros chez Uber Eats (repas) et 11,3 euros chez Stuart (colis), soit moins que le Smic horaire (salaire minimum de croissance, fixé à 11,65 euros brut).
Une fois cette rémunération touchée, le livreur, qui est auto-entrepreneur, doit encore payer son véhicule (scooter, vélo électrique), son assurance et des cotisations sociales.
"Cette tendance trouve écho dans les témoignages des livreurs recueillis par l’ARPE lors de rencontres sur le terrain en mai 2024, au cours desquelles ils ont exprimé leur inquiétude quant à la diminution de leurs revenus", indique l'autorité dans son étude.
"C’est un sujet qui doit questionner les partenaires", du côté des plateformes comme des syndicats de professionnels, a estimé auprès de l'AFP Joël Blondel, directeur général de l'ARPE.
Ces moyennes de revenu horaire sont calculées par l'Autorité en combinant les revenus et les durées des prestations avec le temps d’attente entre chaque livraison (globalement en augmentation entre 2022 et 2023).
Par ailleurs, pour toucher ce revenu moyen hypothétique, il faudrait que le livreur accepte toutes les propositions de prestations qui lui sont faites, précise l'ARPE.
Depuis 2023, les plateformes de livraison sont tenues de verser aux livreurs un revenu minimal horaire, fixé à 11,75 euros brut.
Le rapport de l'Autorité s'intéresse également aux véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC): ces professionnels ont vu leurs revenus évoluer différemment en 2023 selon les plateformes.
Les revenus horaires moyens ont baissé chez Freenow et Heetch et sont restés stables, sans suivre l'inflation, chez les leaders du secteur Uber et Bolt, ainsi que pour les services premium Marcel et Le Cab. Ils ont augmenté du côté de Caocao et des services premium Allocab et Blacklane.
Les plateformes de VTC ont aussi conclu en décembre 2023 des accords avec les chauffeurs pour revaloriser leurs rémunérations, à neuf euros net minimum par course, un euro par kilomètre parcouru et 30 euros l'heure d'activité.
publié le 2 octobre à 06h21, AFP