Économie

Suspense chez Boeing, plus de 33.000 ouvriers votent sur l'opportunité d'une grève

  • Un Boeing 777 en cours d'assemblage à l'usine d'Everett (nord-ouest), le 26 juin 2024
    ©Jennifer Buchanan, AFP - Un Boeing 777 en cours d'assemblage à l'usine d'Everett (nord-ouest), le 26 juin 2024
  • Un Boeing 777 en cours d'assemblage à l'usine d'Everett (nord-ouest), le 26 juin 2024
    ©Jason Redmond, AFP - Des membres et des soutiens du syndicat international des machinistes et des ouvriers de l'aérospatial (IAM) à Seattle, le 17 juillet 2024
  • Un Boeing 777 en cours d'assemblage à l'usine d'Everett (nord-ouest), le 26 juin 2024
    ©Handout, AFP - L'intérieur du Boeing 737 MAX 9 d'Alaska Airlines impliqué dans l'incident du 5 janvier 2024
  • Un Boeing 777 en cours d'assemblage à l'usine d'Everett (nord-ouest), le 26 juin 2024
    ©Jason Redmond, AFP - Jon Holden, président du syndicat IAM-District 751 de Boeing, le 17 juillet 2024 à Seattle (nord-ouest)
  • Un Boeing 777 en cours d'assemblage à l'usine d'Everett (nord-ouest), le 26 juin 2024
    ©Handout, AFP - Photo non datée de Kelly Ortberg, patron de Boeing depuis le 8 août 2024

Plus de 33.000 ouvriers de Boeing, employés à la fabrication notamment du best-seller 737 MAX et du gros porteur 777, se prononçaient jeudi sur le projet de nouvelle convention collective et sur l'opportunité de faire grève afin d'obtenir de meilleures conditions.

Le résultat des votes est attendu tard dans la soirée. La dernière grève remonte à 2008 et avait duré 57 jours.

"Nous avons obtenu tout ce que nous pouvions" au cours de ces négociations engagées le 8 mars, a assuré Jon Holden, président du syndicat des machinistes IAM-District 751. "Nous recommandons la ratification car nous ne pouvons garantir que nous obtiendrons davantage en faisant grève", a-t-il relevé.

Mais dans un entretien au Seattle Times publié lundi soir, il avait déclaré: "Je pense que (...) nos membres vont approuver la grève".

Une majorité simple est suffisante pour ratifier l'accord, annoncé le 8 septembre, mais deux tiers des votes sont nécessaires pour lancer un arrêt de travail dès l'expiration jeudi à minuit de la convention actuelle, vieille de seize ans.

Or, si la convention collective est rejetée, mais que le seuil n'est pas atteint pour faire grève, elle sera ratifiée "par défaut", d'après le règlement du syndicat.

Cette nouvelle convention, qui concerne les adhérents de l'IAM dans la région de Seattle (nord-ouest), prévoit une hausse salariale de 25% sur quatre ans ainsi qu'un engagement d'investissements dans la région. Et aussi la construction du prochain avion — annoncé pour 2035 — dans le berceau historique de l'avionneur qui assurerait des emplois pour plusieurs décennies.

Boeing espérait que ces concessions suffiraient à esquiver une grève, alors que sa situation financière est précaire depuis le crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, ayant coûté la vie à 346 personnes, et une multitude de problèmes de qualité de la production.

"Ce n'est un secret pour personne: notre activité traverse une période difficile, en partie à cause de nos propres erreurs du passé. (...) Une grève mettrait en péril notre reprise commune", a prévenu mercredi soir Kelly Ortberg, qui a succédé le 8 août à Dave Calhoun au poste de directeur général.

- Paralysie -

Il a exhorté les employés à ne pas "sacrifier" les progrès futurs à cause de "frustrations liées au passé".

La grève paralyserait la production du 737, du 777 et du 767 cargo, dont les livraisons cumulent déjà les retards. Une situation d'autant plus problématique que l'avionneur encaisse la plus grosse partie du paiement (environ 60%) à la remise des avions.

Selon les analystes de TD Cowen, une grève de 50 jours priverait Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de liquidités et aurait un impact de 5,5 milliards sur le chiffre d'affaires.

Une semaine après sa prise de fonction, M. Ortberg s'était engagé à "réinitialiser" la relation avec l'IAM. Mais à la lecture de l'accord, de nombreux syndiqués ont réagi négativement et plaidé pour un arrêt de travail.

"On nous a bradés", a lancé jeudi à l'AFP Kamie Bryan, employée chez Boeing depuis 18 ans, après avoir voté contre l'accord et pour la grève. "Nous ne devrions pas prendre ces quelques sous qu'ils nous donnent et être reconnaissants", a-t-elle relevé, insistant sur l'ampleur des "revenus du patron".

Les télévisions ont montré des rassemblements quotidiens d'ouvriers protestant dans les usines contre des mesures salariales qu'ils estiment inadéquates face à l'inflation.

Les mécontents arguent que la hausse salariale est trop éloignée des demandes du syndicat (+40% initialement) et que le volet sur les retraites est insatisfaisant.

Stephanie Pope, présidente de Boeing Aviation Commerciale (BCA), a défendu cet accord octroyant la plus importante hausse salariale jamais accordée malgré l'endettement de quelque 60 milliards de dollars de l'avionneur. "Nous avons donné le maximum", a-t-elle assuré.

Le règlement de l'IAM prévoit que les grévistes reçoivent 250 dollars par semaine à partir de la troisième semaine d'arrêt de travail.

Boeing fait l'objet d'une supervision accrue depuis un incident en vol début janvier sur un 737 MAX 9 d'Alaska Airlines. Survenu après une série de problèmes de conformité et de contrôle qualité, il a ravivé les questions soulevées sur ces mêmes lacunes après les deux crashes.

publié le 12 septembre à 22h44, AFP

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